Buenos Aires: une évidence urbaine

Deux semaines à Buenos Aires où je n’étais pas venu depuis plus de vingt ans. Et tout le monde me dit : «  oh vous devez trouver que cela a bien changé. »

Eh bien non, je trouve que cela n’a pas beaucoup changé.

Bien sûr le nombre d’immeubles élevés qui ont remplacé des maisons basses a augmenté, ils étaient l’exception, ils sont la majorité .

Bien sûr, au sud du port, des terrains en friches se sont aujourd’hui construits. À Porto Madero, un quartier de logements de bon standing se glisse entre la réserve écologique et le canal, tournant définitivement le dos au Rio de la Plata. En face, au-delà du canal et des docks soigneusement réhabilités pour accueillir bars, restaurants et bureaux , un nouveau quartier d’affaires dresse à plus de 15 étages ses murs-rideaux sophistiqués. Des quartiers autrefois populaires accueillent les classes créatives ; la mondialisation est là.

Pourtant la ville reste étonnamment semblable à elle-même, ce qui me semble dû à la rencontre de trois facteurs :

  • d’abord la permanence des tracés qui depuis la cuadricula coloniale occupent un vaste territoire unifié auquel les aménagements monumentaux du XIXe siècle et du début du XXe siècle ont donné une ampleur nouvelle ;
  • le maintien dans de nombreux quartiers d’un commerce de rue dont nous n’avons plus l’idée, petites boutiques, supérettes, café-restaurant dans les angles, librairies groupées sur l’avenue Corrientes, tissus de déguisement sur Lavalle, vêtements on peu plus loin…
  • et juste à côté, dans d’anciennes boutiques ou au rez-de-chaussée d’immeubles récents, toute sorte de services du plus sophistiqué qui mélange philosophie du bien-être et musculation, aux boutiques-ateliers de réparation. Dans un pays touché par des difficultés économiques endémiques (inflation notamment) on ne jette pas, on répare, et on répare au pied de chez vous. Et cela vous apparaît soudain comme un exemple, une évidence à laquelle nous ne savons pas ici, donner sa place.

Je ne parle pas de la profusion des librairies, des théâtres, ni du tango

Ajoutez à tout cela la générosité de la végétation, surprenante pour un oeil parisien

Philippe Panerai

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