Boucler ce numéro, alors que se poursuit à la Sncf une grève dure et inédite dans son fonctionnement, conduit l’auteur du texte à une gymnastique inconfortable. Tous urbains est une revue trimestrielle qui de ce fait ne peut pas suivre l’actualité quotidienne. Faut-il pour autant s’en désintéresser ? Nous ne le pensons pas et les thèmes de certains dossiers comme de nombreux éditos montrent notre obstination collective à vouloir comprendre le monde dans lequel nous vivons ainsi que les profondes mutations qui le transforment, mais avec un décalage obligé vis-à-vis des événements qui font chaque jour l’actualité. Cette distance relativise l’importance de certaines affirmations qui font les grands titres des quotidiens. Ainsi, alors que l’on a claironné « les promesses de la croissance retrouvée » (Les Échos) et applaudi le fait que les entreprises ont rempli leur carnet de commandes à un point inconnu depuis 10 ans, on trouve, mais ce n’est pas à la une, l’indication discrète d’un « léger fléchissement de la croissance » (Le Monde), moins de créations d’emplois, baisse du pouvoir d’achat et consommation en berne, mais ici on parle par trimestre alors que là c’était par année. Autre exemple, l’enthousiasme général pour accueillir la succession des grands événements : JO, Exposition universelle, championnat du monde de rugby, etc. n’a duré qu’un instant, peu de temps après, le Premier ministre annonçait le retrait de l’exposition universelle (voir l’édito de J.-M. Roux dans ce même numéro).

Même constat si nous observons l’international : l’Europe semble saisie de hoquets, puis tout d’un coup exprime une position commune ferme vis-à-vis de la Russie : est-ce le retour à la guerre froide qui ne peut plus aujourd’hui se justifier par un affrontement idéologique ? Quelques semaines plus tard, la décision de Donald Trump de dénoncer l’accord avec l’Iran rebat les cartes. De tout cela ressort la certitude que nous sommes dans un monde incertain, le climat même semble nous le répéter : l’hiver revient par deux fois nous enneiger jusqu’au bord de la Méditerranée, puis le printemps devient presque l’été, il fait plus chaud à Paris qu’à Montpellier.

La prise en compte de cette nouvelle donne où les informations sont parfois démenties avant d’être assimilées a incité Tous urbains à ouvrir parallèlement à la revue qui reste trimestrielle un site Tousurbains.fr qui nous permettra de marquer plus rapidement des réactions ou des points de vue vis-à-vis d’une actualité mouvante. Il nous permettra également, dans un cadre plus souple que le format papier, de développer quelques questions et d’accueillir sur ces sujets des réactions de nos lecteurs.

Outre nos éditos habituels, vous trouverez dans ce numéro un dossier sur le département de la Seine-Saint-Denis tel qu’il est avant les JO, territoire complexe où se côtoient 20 ans de réalisations spectaculaires et une grande pauvreté, dynamisme et résignation, solidarité et indifférence, et qui constitue une illustration des questions qui traversent aujourd’hui la société française.

 

Philippe Panerai

Photographie © Saint-Denis Quartier Pleyel 1 / Stéphane Cordobes

 

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