Chers lecteurs, quand vous en aurez en main ce n°23, le monde aura déjà changé depuis ce petit texte. L’Alliance atlantique aura survécu ou définitivement/provisoirement explosé, la température moyenne de la France métropolitaine aura augmenté de 0,01 °C, presque rien certes, mais en 20 ans ? L’immobilier dans les grandes villes françaises aura suivi une courbe parallèle et le chômage, on l’espère, une courbe inversée. La France sera ou ne sera pas championne du monde de football.

Ce n°23, l’avant-dernier de l’année 2018, nous parle de la nouvelle route de la soie, Yidai Yilu, Obor ou Bri pour les initiés. Il raconte une histoire où Marco Polo rencontre la science- fiction, mais ce n’est pas une fiction. Ce n’est même pas pour demain, c’est déjà là, sans doute peu perceptible pour la plupart d’entre nous, présent et qui conditionne directement notre avenir, la répartition du travail à l’échelle de l’Eurasie, la spécialisation des territoires dans la mondialisation. Face à ce changement, il s’agit de notre capacité à le comprendre et à anticiper si nous ne voulons pas seulement subir. Le dossier, est-ce un hasard, fait directement écho à l’exposition du musée Guimet (officiellement musée national des Arts asiatiques) : « Le monde vu d’Asie. Au fil des cartes », une invitation à revoir nos cartographies mentales et à oublier le temps où la Méditerranée constituait le centre du monde…

Anticiper, voilà peut-être ce qui semble absent dans le débat qui accompagne la loi Élan. D’un côté, une argumentation qui au nom du progrès, de la raison et de l’économie nous ressert les vieilles ficelles d’il y a quarante ans, quand l’industrialisation de bâtiment devait faire baisser les coûts et augmenter la qualité ; de l’autre, une profession : les architectes, qui s’arc-boutent non pour conserver leurs privilèges mais pour leur survie.

Pour y voir un peu plus clair, nous avons demandé à Jean-Pierre Duport, qui fut directeur de l’Architecture puis directeur de l’Architecture et de l’Urbanisme, quel regard il porte sur l’évolution de la profession depuis la loi sur l’architecture de 1977… Ses réponses claires et précises dressent un tableau qui replace la profession de l’architecte-maître d’œuvre dans la question plus vaste de l’évolution et de la diversification des exercices professionnels, mais aussi des évolutions de fond des métiers du bâtiment. Plusieurs pistes de réflexion s’imposent si l’on veut éviter de s’en tenir à une seule défense corporatiste : penser l’enseignement de l’architecture d’une manière prospective et ouverte ; chercher dès aujourd’hui une alliance nette avec les autres métiers de la conception : urbanistes, paysagistes, ingénieurs mais aussi avec les entreprises petites et moyennes du bâtiment, si nous voulons éviter dans quelques années d’être exclusivement dépendants des quelques majors du btp associés au gré des modes à une poignée de stars.

Nouveauté rédactionnelle, les éditos habituels ont été présentés en deux groupes : d’une part, ceux qui suscitent le débat sur des questions actuelles, et on a retenu aujourd’hui celle de l’égalité des territoires, avec une illustration autour des mésaventures du plan Borloo… et d’autre part, celles qui illustrent des situations urbaines qui font écho aux mots de la ville*, inventaire inépuisable qui fait partie des préoccupations de Tous urbains depuis ses origines.

Quand vous recevrez ce numéro, en pleine rentrée, nous serons en train de fabriquer le suivant, coproduit avec l’École urbaine de Lyon, dont le dossier « Les métiers de la ville, formation/ transmission » fait largement écho à quelques-unes des questions évoquées ici.

Enfin, comme nous l’avions annoncé lors de notre précédente livraison, grâce à Stéphane Cordobes, son intrépide administrateur-rédacteur, le site de Tous urbains est maintenant accessible et commence à vivre. Rappel : tousurbains.fr

 

Philippe Panerai

 

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